part 1. maison des novotný

« C'est fou comme le petit Alexej m'impressionnera toujours ! Cet enfant est incroyable. Il est intelligent, cultivé, et ne manque nullement de respect ou de politesse. Ce petit devrait être un exemple pour tous ! Je ne comprendrai jamais pourquoi Gabriel lui ressemble si peu... On dirait presque que vous ne leur avez pas donné la même éducation. » Le ballon me glissa des mains, pui atterrit sur l'herbe humide. J'entendis ma mère rire nerveusement à travers la fenêtre ouverte en dessus de moi, celle du salon. J'espérai qu'elle dirait quelque chose, qu'elle me défendrait. Je savais très bien qu'elle avait toujours éprouvé plus de sympathie à l'égard de mon frère aîné, Alexej, comme à peu peu de choses près tout le monde. Mais je savais qu'elle m'aimait également. Elle était ma mère, après tout, et une mère aime toujours son enfant, peu importe son attitude et ses actes, surtout quand celui-ci n'a que onze ans. Mais elle ne disait rien. Elle se contentait de ce petit rire nerveux agaçant qu'elle avait, qui, en gros, signifiait : ''je ne suis pas entièrement d'accord, mais je suis trop effrayée pour donner mon opinion''. De toute manière, jamais elle n'aurait contredit sa propre mère, même si cette dernière aurait bien mérité que quelqu'un s'oppose à son avis ne serait-ce qu'une fois dans sa vie. « Il est tellement insolent, Gabriel. J'ai bien essayé de lui inculquer un certain savoir-vivre ces rares fois où il venait passer quelques jours chez moi, mais il n'en est rien, il ne veut rien savoir, rien entendre, rien apprendre ! Il est tellement... borné. Et jamais on ne le voit avec un livre dans les mains, contrairement à son frère. Toujours dehors, à gambader, Dieu sait ce qu'il fait vraiment. Je ne sais pas de quel membre de nos deux familles il tient, il ne ressemble vraiment à personne. » Je soupirai. J'avais toujours détesté ma grand-mère, et j'avais toujours pensé qu'elle ne devait pas m'aimer beaucoup non plus. Elle était la personne qui représentait le mieux ma famille. Hautaine, commère, prétentieuse et arrogante. À la voir, on aurait pu penser qu'elle était au moins à la tête d'une certaine fortune, mais c'était loin d'être le cas. La richesse de ma famille était tout à fait moindre, mais chaque membre en a été élevé avec des manières dignes des classes qui nous étaient bien supérieures, en faisant des personnes narcissiques et orgueilleuses, qui se pensaient meilleures que n'importe qui, et qui n'hésitaient pas à rabaisser au plus bas quiconque leur faisant de l'ombre d'une manière ou d'une autre. Seule ma mère semblait n'avoir rien en commun avec eux ; elle était timide, aimante, douce et généreuse, et avait une beauté pure, qu'aucun d'eux ne pouvait se vanter de posséder. Et mon frère lui ressemblait, beaucoup, la timidité en moins. J'avais toutes les raisons de l'envier, de le détester d'être mieux que moi, mais ce n'était pas le cas. Je l'aimais, l'admirais, il était mon modèle dans cette famille qui en manquait cruellement.
L'éclat de rire grossier et bruyant de ma grand-mère me tira de ma rêverie. Je ramassai le ballon, et, après m'être assuré que je n'étais plus leur sujet de conversation, retournai jouer en compagnie des autres.

part 2. aéroport de prague

« Je ne sais pas ce que tu fais là, maintenant. » Je tâchai d'éviter de plonger mes yeux dans les siens, tellement magnifiques. Je n'avais pas envie de regretter quoi que ce soit, surtout pas à ce moment-là. « Gabriel... je suis tellement désolée. » Je fis de mon mieux pour afficher une mine impassible, malgré toute la difficulté de la chose. « Je ne comprends pas pourquoi tu m'as menti toutes ces années Irina. Nous avions des projets ensemble. Et hier, veille du départ, tu m'annonces que tu ne veux plus venir avec moi ! Tu ne sais pas quel effet ça m'a fait. » Des larmes emplirent ses yeux, et bien que je voulus d'abord savoir si ces sentiments qu'elle laissait transparaître étaient sincères, je ne pus empêcher ma gorge de se nouer après cette vision. Je voulus la prendre dans mes bras, la serrer, ne plus jamais la lâcher. Mais je me retins, il valait mieux. « J'ai toute ma vie ici. » murmura-t-elle entre deux sanglots. « Qu'est-ce que je deviendrais, moi, en Amérique ? Et toi, Gabriel, pourquoi fuir ? Pourquoi maintenant ? Tu as toute la vie devant toi. » Je lui souris. « Tu sais que je ne me suis jamais senti à l'aise ici, tu le sais, je t'en ai parlé tant de fois, et tu disais me comprendre. Je ne sers pas à grand chose au fond. Mon père a légué le commerce à Aleksej et à ma mère, et c'est tant mieux, il a très bien choisi. Ils n'ont pas besoin de moi, ils se portent très bien, leurs avenirs s'annoncent brillants, surtout celui d'Aleksej. Et moi j'ai besoin de me trouver une utilité, un but, quelque chose que je n'ai pas ici. J'aurais aimé que tu partes avec moi, Irina. Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée. Mais si tu ne veux pas, tant pis, moi je dois le faire quand même. » Elle pleura. Comme jamais je ne l'avais vue pleurer avant. Je la pris dans mes bras une dernière fois. Sans dire un mot, elle déposa un baiser sur mes lèvres, qui me fit l'effet d'une bombe. Jamais un tel flux de sentiments ne m'avait envahi. Je voulus prolonger le baiser, mais elle s'arracha à mon étreinte, et partit en courant, sans même se retourner. Une partie de moi voulut lui courir après, l'attraper, reprendre ce que l'on avait commencé, mais je ne la laissai pas prendre le dessus. Alors, comme Irina, je partis, montai dans l'avion, sans un seul regard en arrière.

part 3. un motel de chicago

« Bon, tu vas m'expliquer pourquoi tu as demandé qu'on s'arrête alors que j'étais à deux doigts du septième ciel ? » demanda-t-elle, jouant avec ses doigts sur mon torse. Je restai le regard dans le vide, ne sachant quoi répondre. Ou plutôt, si, je savais quoi répondre, mais je n'avais pas envie de le faire. Elle lâcha un soupir, posa sa tête sur mon torse, et resta ainsi durant quelques secondes. « Je... Je ne peux pas faire ça. » Elle leva la tête, le regard perplexe. « Tu ne peux pas coucher avec moi ? Tu es gay ? » Je rigolai, d'un rire un peu désespéré, si ça existe. « Je ne peux pas retourner à Prague... Ce n'est pas possible. » Elle me prit par les épaules, inspectai mon visage, comme pour trouver n'importe quel indice qui aurait pu expliquer ces paroles qui, pour elles, n'avaient pas de sens. « Euh, Gabriel, est-ce que tu vas bien ? » Je pris ses mains dans les miennes, plongeai mon regard dans le sien, et commençai à raconter toute l'histoire à cette femme qui était une totale inconnue il y a encore quelques heures. La crise était arrivée, mes sentiments étaient plus forts que moi, je n'arrivais plus à me contrôler. Je lui dis tout, de Prague, la ville où je suis né et où je me sentais comme un étranger, jusqu'à Chicago, cette nouvelle ville qui m'a accueilli il y a huit ans de cela, en passant par ma famille, mon père décédé, et ces cinq dernières années chez les Marines, difficiles, mais qui m'ont beaucoup apporté. Nous en sommes finalement arrivés à la cause principale de ce qui s'était passé ; ma mère, seule et mourante dans son lit d'hôpital, qui réclamait mon retour à Prague, et qui voulait que je m'occupe de la brocante familiale, maintenant que je suis le seul à pouvoir le faire. « Et il a fallu que Aleksey soit mort... Je ne suis pas fait pour ce genre de choses, mais lui, si. Il était fait pour tout, il n'existait pas un seul domaine dans lequel il n'était pas doué. Tout le monde l'aimait, Aleksej. Je suis même sûr que beaucoup auraient préféré que je me sois trouvé à sa place dans cette voiture qui l'a tué il y a maintenant trois ans. » Elle m'enlaça, une manière de me consoler. « Tu te trompes, tu sais. Ton frère était certainement quelqu'un de bien, mais cela ne t'empêche pas de l'être toi aussi. Va, retourne à Prague, fais de ton mieux pour aider ta mère et... tu verras bien ce qui se passera par la suite. Et c'est pas tout ça, mais moi ça me donne encore plus envie de coucher avec toi, ça. »

Esfir-Inga M. Kniasev a écrit:

surtout avec moi

bienvenue à prague!

Félicitations, tu es désormais validé(e)! Oui on peut dire que tu as passé l'étape la plus importante, mais il reste quelques petites choses à faire pour que tout soit parfait! Ou plutôt que tu sois parfait(e) et que tu fasses partie de nos chouchous premièrement, tu peux te rendre ici pour faire tes scénarios, si tu le désire. Ensuite, tu peux te rendre ici pour te faire pleins d'amis! Et pour finir tu peux te rendre ici pour toutes la paperasse habituelle. Et puis bah, tu peux jouer avec nous on attends que ça! Bon jeu à toi petit nouveau

LE STAFF DE FLY AROUND PRAHA.