ON NE PEUT PAS TOUJOURS FUIR

Karolína avait passé une horrible journée. Pour bien commencer, son réveil n'avait pas sonné. A vrai dire, il était complètement mort. Du coup, elle pouvait jeter le réveil qu'elle avait depuis qu'elle était adolescente et elle était en retard. Elle devait aller courir avec Jeneysia. Vu les deux heures de retard qu'elle avait, Karolína pouvait être sûre que ce projet ne tenait plus. Elle essaya d'appeler son amie sauf que celle-ci ne répondit pas. Soit elle était en cours, soit elle ne voulait tout simplement pas lui parler. Vu le faux plan qu'elle venait de lui faire, la brunette ne pouvait que la comprendre. Bon, de toute manière, elle la verra au boulot donc elle pourra s'excuser auprès d'elle à ce moment-là.
Stanislava, son premier prénom qu'elle appréciait tout particulièrement mais qu'elle ne pouvait pas entendre dire par qui-que ce soit pour des raisons dues au passé, alla se doucher en faisant le moins de bruits possible. Giuila ne travaillait pas apparemment aujourd'hui, et en profitait pour dormir. La tchèque prit donc sa douche, froide contre son gré. Après cela, elle se sécha, puis courut s'habiller. Elle allait être en retard en cours, ça c'était inévitable. Elle voulait juste éviter d'être beaucoup trop en retard. Elle ne prit pas de petit déjeuner, elle s'était promise qu'elle mangerait après les cours. Une fois avoir attrapé son sac avec tous ses cours et ses babioles déjà dedans, elle sortit de l'appartement et ferma derrière elle. Chanceuse comme elle était, elle dût aller jusqu'à l'université à pieds, car elle put faire la connaissance de son pneu crevé.

« Vous êtes sérieux ? » Son professeur hocha de la tête et Karolína soupira avant de sortir de la salle. Il ne voulait pas d'elle dans sa classe. Selon lui, elle était trop en retard pour comprendre quoique ce soit à son cours et qu'il ne voulait donc pas de sa présence qu'il jugeait encombrante. La brunette s'assit sur un banc de la cour. Elle était pour autant dire sidérée. Et aussi impressionnée du fait qu'elle n'avait pas réagi du tout, à part montrer son mécontentement par un simple soupir. Karolína posa ses mains sur son visage puis respira un bon coup. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle sentait que la seconde partie de sa journée allait être encore pire que la première. *Bon, on arrête de se lamenter ! On va pas s'arrêter de vivre, hein.*

Karolína n'avait rien fait entre son service et le cours dont elle avait été jetée. Elle avait tout simplement acheté un café dans le coin et s'était laissée emportée où le vent voulait l'emmener. Quand ce fut l'heure, elle alla travailler, ce qui n'était pas non plus très joyeux, car Jeneysia ne voulait pas lui adresser la parole. Elle s'était contentée de lui dire : « Je t'en veux pas, c'est juste que j'ai pas apprécié. Je te reparlerai demain, mais là, laisse-moi tranquille. » Karolína ne s'étendit pas dans ses excuses, elle avait trop de fierté pour ça. Elle s'était excusée une fois, bien qu'on ne pouvait pas vraiment juger que c'était des excuses vu la façon dont elle les avait formulé, et cela suffisait amplement. Elle détestait quand elle essayait de se faire pardonner.
Le boulot se passa normalement. Elle n'avait pas cessé de travailler dans ce vacarme incroyable des bières qui s'entrechoquent et des soulards qui rient aux éclats. La seule différence aujourd'hui était qu'aucun des clients n'avait essayé de la prendre. Karolína en était d'ailleurs particulièrement heureuse.

« Tu penses être là dans combien de temps ? » « J'ai déjà tout pris. Je dirais dans une demi-heure ? » « OK, je t'attends pour dîner alors. » Karolína raccorcha et ferma le grand sac dans lequel elle avait mis toutes les affaires dont elle avait besoin. Quand elle avait quitté l'appartement, elle n'avait pensé qu'à prendre l'essentiel, mais ses vêtements commençaient à lui manquer. Elle en avait marre de mettre ceux que Giuilia lui donnait. Ce n'était pas qu'ils étaient moches, pas du tout, c'était juste que ce n'était pas les siens. Elle jeta un dernier coup d’œil dans son armoire. Il restait des choses, mais beaucoup moins. Elle regarda autour d'elle et sentit une vraie nostalgie. Si elle n'avait pas fait cette stupide erreur, elle n'aurait pas à éviter Adam. Elle pouvait encore dire la vérité à celui-ci, mais elle préférait qu'il ne sache rien plutôt qu'il ne soit en colère avec elle. Elle préférait mettre leur relation en suspend, au lieu qu'il ne la quitte. Karolína alla dans le salon et tomba sur une photo d'elle et son fiancé. Elle la prit dans ses mains et en passa une sur la photo. Mon dieu comme elle était heureuse ce jour-là. Malheureusement, elle savait qu'elle ne retrouverait jamais ce sentiment. Quand elle reposa la photo et qu'elle s'avança vers la porte d'entrée, celle-ci s'ouvrit.